La
Cour des miracles étaient des
quartiers de Paris ainsi nommés car les infirmités des mendiants y disparaissaient à la nuit tombée, comme par miracle.
Venus des campagnes pour y chercher en vain du travail, ou miséreux des villes (principalement sous le règne de Louis XIV), les plus défavorisés grossissaient les rangs des Cours des Miracles.
Emplacements
La plupart des grandes villes possédaient une Cour des Miracles. Il en existait douze à Paris :
- 63, rue du Bac
- Cour Brissel, rue de la Mortellerie (une partie de l'actuelle rue du Temple).
- Cour de la Jussienne, dans la rue du même nom.
- Rue de Reuilly
- Rue des Tournelles
- Rue de l'Echelle
- Deux autres près de la porte Saint-Denis, sur la butte aux Gravois
- La Grande Cour des Miracles, Fief d'Alby, entre la rue du Caire et la Rue Réaumur, dans l'actuel IIe arrondissement (Le Sentier).
Cette dernière était la plus célèbre de toutes et c'est à elle que Victor Hugo ou Henri Sauval font référence dans leurs écrits. Voleurs et mendiants allèrent jusqu'à y élire un roi.
Composée de trois places successives communiquant par des boyaux, l'endroit était si dangereux que les lapins-ferrés (les soldats du guet) n'osaient pas y entrer.
En 1630, lorsque sous Louis XIII on voulut y percer une rue qui traverserait la grande Cour des Miracles de part en part, les maçons furent assassinés avant d'avoir pu faire aboutir le projet.
Les différents mendiants et voleurs
- Les narquois ou drilles : faux soldats simulant des mutilations reçues au service du roi.
- Les rifodés : fausses victimes du feu du ciel.
- Les malingreux : faux malades.
- Les francs mitoux : faux malades simulant des crises d'épilepsie.
- Les piètres : faux estropiés.
- Les marfaux ou marjauds : souteneurs. Le nom s'est modifié pour donner maquereaux.
- Les mercandiers : faux marchands ruinés par les guerres, par le feu, ou par d'autres accidents. Allaient d'ordinaire par deux.
- Les capons : chargés de mendier dans les cabarets et dans les lieux publics et de rassemblement, ils poussaient les passants au jeu auprès de quelques camarades à qui ils servaient de compères.
- Les courtauds de Boutange : mendiants qui n'avaient le droit de mendier que pendant l'hiver.
- Les millards : voleurs à la tire de provisions. C'étaient les pourvoyeurs de la société.
- Les orphelins : jeunes garçons presque nus, chargés de paraître gelés et trembler de froid, même en été.
- Les hubains : porteurs d'un certificat constatant qu'ils avaient été guéris de la rage par l'intercession de saint Hubert.
- Les prostituées
- Le ragot : chef de la pègre sous Henri II.
- Le chef-coësre : chef de la pègre.
- Les cagoux ou Ducs : lieutenants du chef-coësre.
- Les coquillards : faux pèlerins arborant une coquille Saint-Jacques, ils étaient les véritables chefs des mendiants et voleurs des Cours des Miracles. Prétendument sorciers, ils se spécialisaient dans le vol d'enfants, allant parfois jusqu'à en immoler lors de messes noires.
Disparition des cours des miracles
Voleurs et mendiants s'étaient organisés en une société secrète fort stricte et représentaient un danger croissant que le pouvoir royal décida d'éradiquer.
Le lieutenant-général de police Gabriel Nicolas de La Reynie fut alors chargé de mettre fin à cette situation et s'y employa avec hardiesse à partir de 1656 : maisons rasées et envoi aux galères de 60 000 mendiants et faux estropiés, marqués au fer rouge.
En 1660, après plusieurs crimes particulièrement horribles, le guet cerna le Fief d'Alby et proclama que la Cour des Miracles devait être évacuée sur l'heure, sans rien en emporter, le dernier à en sortir étant pendu immédiatement (ironiquement, ce fût un vieillard en béquilles, vrai estropié).
Une politique d'enfermement systématique dans les établissements de l'Hôpital général fut menée à partir de ce moment. Toutefois, petit à petit, voleurs et mendiants reprirent possession des lieux.
Le système répressif perd du terrain à partir de 1750 au profit d'une démarche des hygiénistes et des médecins.
Le 21 Août 1784 un édit royal ordonna la destruction totale de toutes les masures du Fief d'Alby pour y établir un marché des marées. Mais le lieu avait si mauvaise réputation que les mareyeurs refusèrent de s'y installer. Le lieu fût investit par les forgerons (d'où la rue de la Forge).
L'histoire n'a pas retenu ce qu'il advint des autres Cours des Miracles.
Divers
Un film, retraçant certains évènements de cette cour, est en cours de tournage dans la ville de Troyes (Aube).
Notes et références
Lien interne
- Notre-Dame de Paris de Victor Hugo.
- Louis Dominique Cartouche
Lien externe
Bibliographie
- Eric Hazan L'invention de Paris, Seuil, collection Fiction et Cie, 2002, (ISBN 2020540932).